Pour une meilleure expérience de navigation, nous vous invitons à utiliser un autre navigateur compatible comme Firefox ou Google Chrome.

Le spectre de l'inflation

L'évolution de l'inflation

L'inflation a atteint des niveaux sans précédent en 2022. Mais qu’est-ce que cela signifie concrètement pour vous ? Pourquoi l’inflation règne-t-elle comme ça ? Et comment va-t-elle évoluer ? Les suites de la crise Corona, l’invasion russe en Ukraine et l’actuelle crise énergétique que nous traversons jouent toutes un rôle dans cette situation.

Un fantôme nommé ‘inflation’

L’inflation se voit surtout à la lecture de la facture de gaz, mais aussi à l’évolution du prix de son ticket de caisse à la sortie du supermarché, ou au prix de son plein de carburant. Bref, les prix des marchandises et des services augmentent. L’inflation belge gonfle systématiquement depuis des mois. Elle a atteint en octobre son niveau le plus élevé depuis 1975 : 12,27%. Même si l’inflation a diminué à 10,63% en novembre, le Bureau du Plan ne s’attend pas à une baisse sensible avant la fin de l’année. Il existe tout de même des signes positifs pour 2023.

Et comment cela se fait-il que l’inflation atteigne de tels sommets ? Différents facteurs expliquent ce phénomène. Le premier est lié à une ambitieuse relance économique et à la hausse des prix après la crise Corona : les gens étaient de nouveau capables de dépenser beaucoup d’argent, mais l’offre était incapable de suivre vu la faible capacité de transport et la rareté de composants cruciaux. En résumé, même si l’offre et la demande se sont équilibrées grâce à une chaîne de production revigorée, deux facteurs structurels ont fait que l’inflation n’a quand même pas baissé la crise énergétique et l’invasion russe en Ukraine.

La crise énergétique

Pas besoin de mener une étude poussée pour constater la gigantesque hausse des prix de l’énergie. Celle-ci connaît pour le moment une inflation de 36,07% et contribue pour 3,62% à l’inflation totale. L’une des raisons de la hausse des coûts de l’énergie tient à la transition mondiale vers une économie plus verte, faite de sources d’énergie plus propres. C’est la raison essentielle pour laquelle les investissements dans les combustibles fossiles traditionnels ont été systématiquement supprimés ces dernières années. Mais l’énergie verte disponible aujourd’hui ne suffit pas à combler la demande énergétique totale, ce qui a mené à des débats très vifs au sujet du nucléaire de crainte d’un hiver qui se ferait très pesant.

Mais les raisons encore plus importantes de la hausse actuelle des prix de l’énergie résident dans l’attaque russe de l’Ukraine, ce qui a entraîné une hausse spectaculaire des tarifs du pétrole, du gaz et de l’électricité. La Russie reste le principal fournisseur de gaz de l’Europe, puisqu’à peu près 40% de nos besoins en gaz naturel sont satisfaits par ce pays. Et le Président Poutine a régulièrement utilisé la menace de « couper le robinet énergétique » ces derniers mois comme moyen de pression politique (et comme réponse aux sanctions occidentales). Et l’insécurité provoquée par ces menaces a déjà largement suffi à faire grimper les prix. En fait, même si la Russie a besoin des revenus de ses exportations d’énergie pour financer la guerre, cela n’a pas empêché la fermeture (temporaire et/ou partielle) de certaines conduites de gaz ces dernières semaines et ces derniers mois.

En octobre, les prix du gaz ont atteint un niveau plus bas. Les craintes de pénuries pour cet hiver ont été tempérées par le bon niveau des réserves et un climat plus doux que prévu. Mais la situation reste très incertaine. En effet, alors que les températures baissent à nouveau, nous constatons une nouvelle hausse du prix de l'essence. La hausse des prix du gaz de 10% après l’annonce de la fuite du « Nord Stream » a résonné comme un indicateur clair de la fragilité du marché énergétique. L’économie mondiale ralentissant, le prix du pétrole a baissé aussi. Et le cartel pétrolier OPEC a décidé avec ses partenaires, dont la Russie, d’une baisse de la production pétrolière avec comme conséquence une nouvelle hausse de prix du pétrole.

Et l’invasion russe exerce une influence plus large, ne se limitant pas aux prix du gaz et du pétrole. La Russie produit par exemple de nombreuses matières premières essentielles dans les secteurs de l’automobile et de la technologie. Et puis, l’Ukraine et la Russie totalisent un quart des exportations mondiales de céréales. Et si ce taux d’exportation baisse, les prix grimpent, d’autant plus que le deal concernant le grain entre la Russie et l’Ukraine n’est bien entendu plus garanti.

Enfin, la hausse du prix de l’énergie exerce une influence directe sur les prix des céréales.

Inflation des salaires

Dernier composant structurel : la probabilité croissante d’une inflation des salaires. C’est ainsi que se crée une tension du marché du travail dans certains secteurs, poussant les entreprises à augmenter les salaires, seul moyen de conserver leurs travailleurs. Et ces hausses de salaires se répercuteront inévitablement sur le consommateur, sous forme d’une augmentation des prix. Ces salaires revus à la hausse jouent donc, eux aussi, d’une autre manière, sur l’inflation galopante, sous forme d’une spirale des salaires et des prix. Cette spirale désigne le phénomène par lequel des salaires plus hauts mènent à une inflation en hausse… Une sorte de spirale infernale difficile à briser.

Selon les dernières estimations, les secteurs où une indexation salariale est prévue chaque année devraient atteindre une indexation de plus de 10% en janvier 2023, et il n’est pas impensable que cette indexation gagne encore deux pourcents d’ici juillet 2023. Il s’agit là de chiffres historiques.

Les intérêts

La hausse des salaires a non seulement provoqué une inflation gigantesque résultant en une augmentation historique des taux d’intérêt mais aussi à un refroidissement de l’économie. La Banque Centrale Européenne (BCE) a déjà procédé à trois hausses des taux d’intérêt. Depuis juillet, elle a déjà relevé ses taux d’intérêt de deux points de pourcentage, ce qui constitue la hausse de taux la plus forte et la plus agressive de l’histoire de la BCE. En comparaison, le taux d’intérêt de base de la zone Europe était de 0% depuis 2016, avec des carnets d’épargne générant 0,11% d’intérêts par an, soit le minimum légal.

Mais la hausse des taux d’intérêt ne signifie pas automatiquement que les comptes d’épargne vont devenir plus attirants, puisque, pour cela, la rétribution de l’épargne doit aussi grimper. Ce qui n’est pas totalement irréaliste, puisque les banques disposent de nouveaux moyens pour rémunérer l’épargne via l’argent déposé par les clients.

Stagflation

Les prévisions quant à une croissance économique dans la Zone Europe ont de nouveau été revues à la baisse. Ce qui a provoqué une hausse des taux d’intérêt - et donc aussi des crédits hypothécaires, des pertes et des dettes. Ce qui mènera à une récession, et donc à une inflation prévue pour durer plusieurs années. Elle pourrait un peu baisser, mais se situerait quand même à un niveau élevé. C’est ainsi qu’existe le risque de stagflation. Ce nom désigne un phénomène où l’économie stagne et où l’inflation est élevée. Les augmentations des prix des matières premières et la baisse du pouvoir d’achat se conjuguent pour mener à une baisse de la consommation et des chiffres de croissance de l’économie. Et cela amène aussi une part nouvelle de chômage. Un scénario que nous n’avons plus connu depuis les années 1970.

Une baisse de l’inflation en 2023

L’évolution de la crise de l’énergie sera essentielle quant à ce que 2023 nous réserve. L’économie pourra à nouveau rebondir lorsque la panique aura déserté les marchés. Les contrats à long terme entre les fournisseurs d’énergie et leurs clients signés aujourd’hui peuvent augurer d’une issue positive. Car les experts s’accordent à dire que dans ce cas, l’inflation pourrait reculer ces prochaines années. De plus, l’indice des prix à la production, qui peut aussi constituer un bon indicateur de l’inflation pour le consommateur, nous permet de tirer des leçons intéressantes : cet index a par exemple baissé pour la première fois depuis des années en août dernier. En outre, une enquête a aussi montré que les entreprises cèderaient moins à la tentation de répercuter les hausses des prix sur leurs clients.

Le Bureau Fédéral du Plan s’attendait à un dernier pic d’inflation en octobre 2022, mais les résultats se sont, en fait, révélés plus positifs que prévu. L’inflation devrait baisser vers les 9,5% en 2023, avec une baisse de 5,4% pour la fin d’année 2023. En comparaison : en 2021, l’inflation moyenne avait atteint les 2,44%, contre 0,74% en 2020. On verra à la fin 2022 si les prévisions 2023 tiennent la route, mais un refroidissement de l’inflation peut d’ores et déjà commencer à inspirer nos finances.

Long terme

Dans le climat actuel, les données macro-économiques peuvent nous faire penser que les marchés vont continuer à perdre de leur attractivité. Dès lors, pour un épargnant sur le long terme, c’est la construction périodique d’un portefeuille d’investissements qui offre les meilleures chances de succès. Parce que le regain de croissance reviendra dès que les chiffres de l’inflation seront absorbés par les différentes composantes de l’économie.

On peut aussi s’attendre à des mesures de stimulation fiscales et monétaires. Même si un dollar fort peut être utile pour les produits que nous importons, le dollar peut aussi être très utile pour les entreprises hors des marchés américains, comme le Japon la Zone Europe et l’indice britannique FTSE100, aussi exposés au dollar.

Pour les entreprises plus sensibles aux changements économiques (les petites et moyennes entreprises), les augmentations salariales vont représenter un risque plus important que la hausse des taux d’intérêt et les coûts financiers. La sélection qui va s’opérer dans les entreprises, sur fond d’un contexte de hausse des salaires, nous mènera à éviter des secteurs comme ceux basés sur les biens d’équipement, les services business et professionnels, et l’automobile. Et nous orienterons naturellement nos portefeuilles vers des entreprises capables d’augmenter leurs prix sans perdre trop de marge bénéficiaire.

En résumé, même si le climat économique reste difficile, il ne faut pas oublier que les marchés anticipent constamment les cycles économiques. Ce qui peut transformer une mauvaise nouvelle économique à court terme en une réelle opportunité à moyen ou long terme.

Vous voulez en savoir plus sur notre approche d'investissement ?

Venez nous voir. Nous sommes heureux de prendre du temps pour vous.

Prenez rendez-vous

Comment pouvons-nous vous aider ?