Marchés financiers : aperçu de la situation
Par Yves Kazadi, Senior Analyst - 08/05/2025
Quel positionnement face à la persistance des tensions commerciales ?
Malgré un climat international sous tension, les marchés cherchent des raisons d’espérer. Mais les risques liés aux tensions commerciales restent nombreux et appellent à une stratégie adaptée.
Après l’annonce début avril de droits de douane particulièrement élevés, l’administration Trump semble infléchir sa position. Les taxes à l’importation sont partiellement assouplies, tandis que les débats autour des baisses d’impôts et de la déréglementation reviennent sur le devant de la scène. Quoi qu’il en soit, la situation est loin d’être normalisée. Les négociations commerciales avancent lentement, et les échanges de biens entre la Chine et les États-Unis sont perturbés par des droits de douane réciproques dépassant les 100 %.
Un sentiment de marché fragile
Sur les marchés financiers, la prudence reste de mise. Le climat est particulièrement morose chez les investisseurs macro, qui fondent leur stratégie sur les données économiques et l’actualité. L’imprévisibilité de la communication présidentielle nourrit une forme de lassitude, incitant une partie des acteurs à rester en retrait, dans l’attente de signaux plus clairs.
À court terme, les indices boursiers pourraient néanmoins prolonger leur progression. L’espoir d’un apaisement commercial et des programmes de rachats d’actions à des niveaux record — qui devraient dépasser les 1 000 milliards de dollars en 2025 aux États-Unis — soutiennent la tendance. Mais l’arrivée de l’été, traditionnellement associée à une baisse d’activité sur les marchés et à une volatilité accrue, invite à une certaine réserve. D’autant que plusieurs échéances politiques importantes sont attendues durant la période estivale, notamment la fin de la suspension pour 90 jours de certains droits de douane, le vote au Congrès sur la réforme fiscale1 ou les négociations sur le plafond de la dette2.
Résultats d’entreprises
LDu côté des éléments positifs, la saison des résultats du premier trimestre a réservé de bonnes surprises jusqu’à présent. Aux États-Unis, les bénéfices ont dépassé les prévisions prudentes de 4 à 5 %3, portés par une demande robuste, des niveaux d’investissement soutenus et des marges supérieures aux anticipations.
Malgré tout, les entreprises restent prudentes dans leurs prévisions, en raison de l’incertitude persistante quant aux effets réels des mesures douanières et à la stratégie de répercussion à adopter. Si, lors du premier mandat de Donald Trump, elles avaient opté pour des demandes d’exemptions et/ou pour une hausse des prix de vente, la tendance actuelle s’oriente vers une approche plus nuancée. Désormais, ces mesures s’accompagnent d’un ajustement des investissements et des dépenses de R&D afin de préserver les marges.
Vers une stratégie plus flexible
Dans cet environnement instable, la diversification s’impose plus que jamais comme un principe de base. Il est essentiel de rester attentif aux signaux de retournement tout en conservant une allocation d’actifs suffisamment agile. Après plusieurs mois marqués par de fortes turbulences, la prudence s’impose également face à certaines options d’investissement trop consensuelles. Les actifs à faible volatilité, souvent privilégiés pour leur résilience, sont aujourd’hui encombrés, ce qui en limite l’attractivité.
Il est par ailleurs crucial de ne pas sous-estimer les effets secondaires des politiques tarifaires, à commencer par le risque d’un repli de la demande dans certains segments de services, conséquence par exemple d’une érosion du pouvoir d’achat des ménages.
Certains thèmes restent toutefois porteurs. L’intelligence artificielle en fait partie, même si les profils des entreprises bénéficiaires évoluent. Le concepteur de puces Nvidia fait par exemple face à davantage de vents contraires.