Marchés financiers : aperçu de la situation
Par Yves Kazadi, Senior Analyst - 22/08/2025
Un calme de façade sur les bourses
Secouées au printemps par la guerre commerciale américaine, les Bourses semblent profiter d’un été ensoleillé, plus calme et largement favorable. Pourtant, sous cette surface paisible, les marchés demeurent soumis à des tensions multiples et à une forte dose d’incertitude.
Le bilan boursier estival est à n’en pas douter positif jusqu’à présent, même le Bel 201 bruxellois a réussi à battre son vieux record de mai 2007, avant que la crise financière ne s’abatte sur l’économie mondiale. Cette progression s’est accompagnée d’un net recul de la volatilité2, un apaisement des marchés que l’on peut expliquer par deux éléments principaux :
- les nombreux (pré)accords commerciaux annoncés par les États-Unis avec notamment le Japon ou l’Union européenne ;
- le renforcement des perspectives d’une baisse des taux par la Réserve fédérale (Fed), la banque centrale américaine, après l’annonce d’une chute des créations d’emplois aux États-Unis3.
Tensions structurelles
Mais cette stabilité macroéconomique apparente — mêlant inflation4 sous contrôle, stabilisation des taux d’intérêt et croissance modérée — dissimule une multitude de tensions sous-jacentes. La plus évidente reste le climat géopolitique mondial, loin d’être apaisé, comme en témoignent les interminables négociations de paix en Ukraine ou à Gaza. Sur le plan commercial, les accords conclus par l’administration Trump n’ont certainement pas freiné la montée du protectionnisme.
En outre, des fragilités économiques fondamentales demeurent. La dette publique américaine, qui atteignait 37.000 milliards de dollars en août 5, continue ainsi de croître à un rythme inquiétant. De l’autre côté du Pacifique, la Chine reste engluée dans une crise immobilière et un ralentissement économique structurel, aggravés par l’impact des droits de douane américains. La production industrielle comme les ventes au détail ont ainsi connu un coup de frein marqué en juillet6.
Risques de déception
Outre ces tensions structurelles, trois risques de déception pourraient aussi peser sur les marchés au cours des prochains trimestres.
- Les anticipations de baisses de taux : la récente hausse des indices a fait grimper les multiples de valorisation, portée notamment par les baisses de taux attendues de la Fed d’ici la fin de l’année. Mais ces anticipations restent conditionnées au maintien de l’inflation sous contrôle. Or, en juillet, des tensions sont réapparues avec une accélération de l’inflation sous-jacente à 3,1 %7 et une forte progression des prix de gros8.
- Les perspectives d’embauche : la politique économique et commerciale de l’administration Trump pèse sur la visibilité des entreprises. Dans un environnement aussi changeant, les entrepreneurs (américains) resteront-ils disposés à investir et à embaucher ?
- Les promesses de l’IA (Intelligence Artificielle) sont encore incertaines : les gains de productivité attendus de l’intelligence artificielle font face à une réticence accrue face aux impacts sociaux attendus et aux récentes déceptions technologiques. Début août, le nouveau GPT-5, le nouveau modèle d'IA générative d’OpenAI, a ainsi reçu un accueil mitigé, les utilisateurs déplorant des avancées jugées limitées et un style de réponses critiqué. Le modèle Grok de xAI, un chatbot doté d'une intelligence artificielle générative, de son côté, est pointé du doigt pour des réponses trop longues et trop complexes.
Rester aux aguets
Bien que les risques soient inhérents aux marchés boursiers, force est de constater qu'ils sont aujourd'hui en augmentation et qu'une vigilance accrue s'impose. Il est donc conseillé de rester prudent dans la prise de positions et de ne pas se laisser tromper par le calme apparent.
Une stratégie basée sur la diversification et surtout sur la flexibilité est préférable, afin de pouvoir réagir rapidement à un éventuel revirement de situation.
Sources:
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Le BEL 20 est l'indice boursier de référence pour Euronext Bruxelles et comprend au maximum 20 actions.
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La volatilité est le degré de fluctuation du cours d'une action ou d'un autre produit financier.
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L'inflation est une augmentation générale des prix des biens et services dans une économie de marché.