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Pascal Paepen : « 2016 a mal commencé… »

Pascal Paepen

La vague de ventes qui a déferlé sur les marchés boursiers a mené au pire début d’année que les bourses aient connu depuis des décennies. Les ravages sont considérables. En seulement quelques jours, plusieurs centaines de milliards d’euros sont parties en fumée dans le monde entier. De nombreux épargnants et investisseurs se demandent sans doute déjà si cela vaut encore le coup d’investir. Ne vaudrait-il pas mieux sécuriser son patrimoine en vendant tous les fonds (d’actions) et en plaçant l’argent sur un compte d’épargne ?

Pourquoi la bourse décline-t-elle ?

Penchons-nous tout d’abord sur le motif de cette correction du marché boursier. La panique a commencé par gagner la Chine, où les autorités elles-mêmes ont dû immobiliser l’activité boursière à plusieurs reprises car les cours avaient trop chuté en peu de temps. Le malaise chinois a ensuite provoqué des pertes dans d’autres bourses, les investisseurs se faisant sérieusement du souci quant à la croissance économique chinoise. En 2011, celle-ci s’élevait encore à 9,5 %, puis a chuté chaque année pour passer sous les 7 % l’année dernière. D’après l’OCDE, l’économie en Chine ne devrait plus croître que de 6,2 % d’ici l’année prochaine. C’est peu, mais cela reste important pour une économie qui est à une près, après l’économie américaine, la plus grande au monde. Il est même logique que sa croissance continue, à terme, de chuter jusqu’à atteindre 5, voire 4 %. Au cours des années à venir, la croissance devrait également provenir avant tout de la consommation intérieure et non de l’exportation. Ce bouleversement demande du temps, or les investisseurs sont impatients.

La Chine n’est pas la seule source d’inquiétude. Les investisseurs se posent également des questions au sujet de la durabilité de l’économie américaine, par exemple. Les investissements d’entreprises risquent d’enregistrer une augmentation bien moindre que celle prévue, en raison de la forte baisse des prix des matières premières, donc notamment du cours du pétrole. Alors que les analystes prévoyaient que le prix du baril de pétrole s’élèverait à peu près à 55 dollars en 2016, il s’avère qu’il a chuté, au début de cette année, à à peine plus de 30 dollars. Par conséquent, les grands groupes pétroliers américains ont vu diminuer leurs bénéfices et investissent beaucoup moins.

Tout inconvénient a son avantage

Les marchés financiers fonctionnent au sentiment. Tel jour ou mois, les investisseurs se sentiront euphoriques, tandis qu’ils prévoiront la fin du monde le jour suivant. Il convient de nuancer un peu les choses. Personnellement, je ne crois toujours pas à l’arrêt du moteur de croissance chinois, bien au contraire. À terme, la Chine sera dominante à tous points de vue. La question n’est pas de savoir si, mais bien quand l’économie chinoise sera la plus forte au monde. Même avec un rythme de croissance bien inférieur à l’actuel, rien n’arrêtera l’expansion chinoise.

C’est un fait que le secteur des matières premières et l’industrie pétrolière traversent une période difficile. Mais cet inconvénient est, pour d’autres, un avantage. Grâce à ces prix plus bas, les familles paient moins cher pour le gazole, l’essence et le fioul. L’argent économisé sur ces produits par le consommateur peut être dépensé ailleurs.

Que faire à présent ?

La croissance économique en Occident est faible et restera limitée longtemps encore. Mais ce n’est pas nouveau. Cette économie faible conduira à ce que la Banque centrale européenne maintienne encore longtemps les taux d’intérêt en euros très bas et que la hausse des taux d’intérêt en dollars se fera bien plus lentement que prévu. Les épargnants seront donc encore longtemps confrontés à de très faibles taux d’intérêt. Ne conserver que de l’argent liquide n’est donc pas une option. Si vous souhaitez réaliser des bénéfices, vous devrez par conséquent également répartir votre argent sur des fonds (d’actions). En effectuant des investissements échelonnés dans le temps, vous tirerez même, à long terme, avantage de la chute des cours boursiers. Vous pourrez en effet acheter moins cher des parts de fonds de placement, ce qui fera baisser leur prix d’achat moyen et augmentera à terme le rendement du portefeuille.

La volatilité et l’inconstance des marchés boursiers risquent d’être une donnée importante en 2016. Si vous n’aimez pas les fortes fluctuations, vous pouvez investir dans des fonds mixtes flexibles (fonds patrimoniaux). Ces fonds gardent généralement moins d’investissements en actions lorsque les marchés boursiers sont en difficulté. Une autre option est un investissement en actions à dividendes élevés. Un rendement de dividende durable et élevé fixe en effet souvent un plancher pour le cours de l’action. Pas mal de gestionnaires de fonds proposent des fonds qui se concentrent sur les actions à dividendes élevés.

La panique est toujours mauvaise conseillère. Si vous vendez toujours dès que les marchés prennent un coup et que vous achetez uniquement lorsqu’ils remontent, vous perdrez de l’argent. Il est bien plus intéressant de penser sur le long terme et d’investir une somme systématiquement chaque mois. Vous achèterez ainsi au prix fort pendant les bonnes périodes et pourrez profiter de la baisse des cours pendant les périodes difficiles.

 

Pascal Paepen
Éditorialiste & professeur du cours « Banque et Bourse » à la KU Leuven, sur le Campus de Bruxelles et à la Haute École Thomas More

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